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Re: [Fsfe-france] concepts et questions de terminologie


From: antoine moreau
Subject: Re: [Fsfe-france] concepts et questions de terminologie
Date: Sat, 07 May 2005 10:42:56 +0200
User-agent: Mozilla Thunderbird 1.0 (Macintosh/20041206)

Le 5/6/05 11:47 PM, ELIE François a peut-être écrit (may be wrote) :

Cela me fait songer que la différence entre un logiciel et une image,
c'est la place qu'y joue la singularité. On ne signe pas un logiciel
comme on signe une image.

Essayons de voir si cette différence est pertinente.
Qui croit qu'un artiste signe une image quand précisément l'image est le signe même de l'effacement de l'auteur ? Aujourd'hui plus qu'hier et aujourd'hui autant qu'avant-hier (avant l'invention de l'art et de son histoire). Distinguons image et imagerie. Pour ce qui concerne les images : elles sont les signes de ce qui fait dogme (comme l'a très bien montré Pierre Legendre dans "Dieu au miroir") et c'est bien plutôt nous mêmes qui sommes tatoués, c'est peu de le dire, par les images. L'iconoclasme est cette tentative de s'en défaire (angélisme primaire). Quand Legendre dit : "L'image c'est le dogme", il veut dire que l'image est ce qui institue le sujet en rapport avec le collectif. C'est cela la singularité (qu'il faut distinguer du particulier) : son rapport étroit avec le commun (ce que ne peut établir justement le cas particulier). Si l'image est singulière c'est qu'elle est commune à tous. Elle fait dogme (au sens premier et oublié du terme : dogme signifie le récit des rêves, des visions, pour dire l’opinion, mais aussi la décision ou le vote) http://www.artslivres.com/ShowArticle.php?Id=179

Aussi nous ne signons jamais des images (ce que nous voyons comme signature c'est un graph sur une imagerie quelquonque et déterminée par une croyance aujourd'hui inopérante, mais ce qui fait image n'est jamais signé). Ce sont les images qui nous signent (voyez ce qu'en font de grands artistes contemporains comme Buren, Rutault, Opalka pour ne parler que des plus classiquement issus de la tradition des Beaux-Arts).


Le logiciel est un texte, autant dire un producteur d'images (oui, un texte est un producteur d'images et pas seulement un texte poètique qui lui en rajoute un peu sur les images, ce qui avait le don d'énerver Gombrowicz...). Le logiciel signe et fait signe comme les images.
On devrait dire : "Signe comme un image" est le logiciel.

> Mais il me semble quand même que ce
n'est pas la même liberté en ce qui concerne l'image et le logiciel.
Sans doute paraîtrais-je odieusement idéaliste mais je sens confusément
que l'on *doit* les concepts aux autres (parce qu'ils sont aussi à eux.
Ce n'est pas que ce soit bien de leur donner... mais c'est mal de ne pas
le faire (ou dans le cas des brevets de chercher des moyens de les
empêcher de le faire). Tartaglia ou Hippase de Metaponte sont des
traîtres qui nous sont furieusement sympathiques :-) A l'inverse, la
liberté de l'artiste me semble bien différente. Quel devoir y aurait-il
à donner ce qui semble relever de la pure singularité ?


La pure singularité n'est-elle pas là confondue avec le cas particulier, à ce point "pur" qu'il ne peut avoir rapport avec ce qui ne relève pas de son cas clos ? Le singulier est impur commun. Impur, il a rapport avec l'universel. C'est en ce sens qu'il se donne au commun, qu'il est déjà, au delà de sa volonté de donner, dans l'espace commun à tous et de tous temps. De fait il est hors sujet (le "je est un autre" d'Arthur). le Libre a très bien compris ça il me semble (sans l'avoir forcément réfléchi).


Pour revenir à la question du rapport de la GPL aux Creative Commons, ce
qui relève du concept ou de l'image me semble éclairant pour distinguer
ce qui est universel (même si découvert singulièrement) et ce qui est
l'expression du singulier. Nos communs ne sont pas communs dans le même
sens. Nous *partageons* la science autrement que l'art, suivant des
logique d'appropriation ou de désappropriation qui me semble différente.

Oui, les approches entre l'art et la science sont différentes, les raisonnements ne procèdent pas de la même logique, on le voit bien. Par contre, le fond est commun, le fond commun est commun à l'art et à la science, il y a indistinction (cf. Michel Cassé "du vide et de la création" pour le poètique de son approche scientifique) http://www.palais-univers.org/FlashInfo/20041207_MCasse.htm

Sans doute faut-il faire les bonnes distinctions entre :
- images et imageries.
- singulier et particulier
- dogme et idéologie
- art et culture
pour comprendre les rapports pertinents entre :
- art et science
- dogme et liberté
- singulier et commun
- images et institution.



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antoine moreau




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